فيليب توريل : السعودية وقطر يمولون حرب الوهابيين على سُّنة سورية لتحويلهم مذهبيا
نشر الكاتب الفرنسي المعروف فيليب توريل مقالا في مجلة افريك أسي الفرنسية جاء فيه أن قطر والسعودية تعملان على إستغلال المذهب الوهابي لتحقيق نفوذ سياسي لهما في العالم العربي ، توريل وصف الوهابيين بأنهم أصحاب فكر يكفر كل المسلمين بمن فيهم السنة ، وهم لا يقبلون إلا من إتبع مذهبهم وبالتالي فهم يتطابقون في المذهب مع السعوديين الذين يسوقون لهذا المذهب وينافسهم في ذلك القطريون .
وأضاف توريل في مقاله :
إن إنتقال المعارضين السوريين في ثورتهم السلمية إلى ممارسة الإرهاب تمت بدفع وتمويل من القطريين والسعوديين الساعين إلى إستغلال الأحداث في سورية عبر الوهابية لكسب النفوذ السياسي
النص الحرفي للمقال
Les dirigeants saoudiens et qataris instrumentalisent la révolte syrienne, au départ pacifique, en la poussant à adopter des méthodes terroristes. Une politique meurtrière qui commence à être désavouée par l’ami occidental.
Les pays occidentaux commencent à prendre leur distance vis-à-vis de la stratégie de l’Arabie Saoudite et du Qatar visant à répandre la doctrine wahhabite, dont ils sont les seuls adeptes, dans le monde islamique et arabe. Après une mise en sourdine de cette doctrine, suite aux attentats du 11 septembre 2001, perpétrés par Al-Qaïda, une organisation terroriste d’inspiration wahhabite, où 15 sur les 19 inculpés étaient de nationalité saoudienne, ces deux pays recommencent à faire la promotion de cette pensée intégriste, takfiriste et productrice de terrorisme. Les adeptes du takfirisme sont des extrémistes qui considèrent les musulmans ne partageant pas leur point de vue, ou leur école de pensée, comme étant des apostats et donc des cibles légitimes pour leurs attaques. Leur idéologie exige donc lélimination de tous les musulmans non hanbalites, et entre autres les chiites.
Les dirigeants saoudiens et qataris, en vue d’asseoir leur influence politique et leur hégémonie sur le monde islamique et arabe, cherchent à s’imposer, forts de leurs richesses pétrolières et gazières contrôlées par l’Occident, comme les seuls « protecteurs de l’islam. » Sunnite hanbalite s’entend. Pour y parvenir, ils financent massivement les mouvements islamistes violents dans certains pays arabes (Tunisie, Libye, Égypte, Yémen, Liban et Syrie) et mobilisent à cet effet leurs médias lourds pour déstabiliser ces pays. Certes, cette stratégie de wahhabisation n’est pas nouvelle. Elle a été expérimentée en Afghanistan, en Algérie, en Somalie et en Irak avec les désastres géopolitiques qu’on connaît. Car le wahhabisme, qui a été défait en Algérie, continue, sous sa forme violente, à sévir en Afghanistan en Irak, au Yémen où, grâce au soutien financier sans précédent et à l’afflux de combattants fanatisés bien entraînés, s’y est incrusté.
Actuellement, l’Arabie Saoudite cible la Syrie, pour s’y incruster à travers le prosélytisme wahhabite. Pour y parvenir, elle cherche à instrumentaliser la révolte syrienne, au départ pacifique, en la poussant à adopter – non sans succès – des méthodes violentes et terroristes. En armant le bras de certaines factions ultra violentes au sein de cette opposition, les dirigeants saoudiens ont porté un coup fatal à cette contestation en parvenant à imposer à sa tête des activistes wahhabites.
Selon des informations crédibles et vérifiables parvenues dans certaines capitales occidentales bien impliquées dans la gestion du dossier syrien, l’Arabie saoudite a mis à la disposition de leurs services de renseignement et d’action extérieurs plusieurs centaines de millions de dollars pour armer l’opposition syrienne, notamment celle qui est dirigée sur le terrain, par des meneurs wahhabites. Avec comme objectif prioritaire : abattre le régime syrien de Bachar al-Assad, décrété « premier ennemi de la monarchie wahhabite. » L’action clandestine anti-Bachar (elle est aujourd’hui ouvertement affichée), bien qu’essentiellement orientée vers la militarisation de l’opposition syrienne, a également des volets médiatiques et diplomatiques. Car Riyad est aujourd’hui en train de mobiliser tous ses réseaux communautaires, associatifs, diplomatiques à travers le monde, surtout en Asie et en Afrique, mais également en Europe et aux États-Unis, pour qu’ils s’associent à sa guerre contre Bachar al-Assad et son régime « laïc », donc anti-wahhabite ! L’Arabie Saoudite va, dans sa guerre « totale, contre la Syrie, jusqu’à exiger de certains de ses obligés à travers le monde, de déclarer « le Djihad » contre ce régime.
Il est à noter que le royaume wahhabite dispose d’un vaste réseau religieux à travers le monde qui lui obéit au doigt et à l’œil. Et pour cause : le royaume wahhabite finance près de 80 % des associations et des réseaux religieux non officiels à travers le monde. Son seul concurrent dans ce domaine est le Qatar, un autre pays wahhabite qui partage désormais les mêmes objectifs avec l’Arabie Saoudite, à savoir : abattre le régime laïc de Bachar al-Assad.
Cependant, les États-Unis et certains pays occidentaux, échaudés sans doute par le fiasco libyen, et surtout par l’amère expérience afghane et irakienne, hésitent à emboîter le pas à ces fous de wahhabites, fussent-ils leurs alliés. Hillary Clinton l’a dit ouvertement après l’échec retentissant de la conférence de Tunis. Quand à Sarkozy et Juppé, ils le disent discrètement. Ils ne tarderont pas à annoncer publiquement leur désapprobation de cette stratégie suicidaire de la terre brûlée à laquelle les convient les Saoudiens et les Qataris. Affaire à suivre